lundi 7 décembre 2015

Euthanasie


La loi Leonetti  encadre la fin de vie depuis 2005. Mais entre pro et anti-euthanasie, la question du "suicide assisté" continue d'agiter les consciences, alors que François Hollande a promis à plusieurs reprises "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".
I)                    La peur suscitée par le débat
Le débat sur la fin de vie fait régulièrement surface en France et partout en Europe , opposant défenseurs des soins palliatifs (soins actifs délivrés dans une approche globale de la personne atteinte d'une maladie grave, évolutive ou terminale…) et partisans de la législation de l’euthanasie .Les représentations courantes de la fin de vie traduisent souvent de fortes craintes de la part du public :
D’abord une peur importante de la déchéance liée à l’âge et à la maladie, en particulier dans leurs répercussions sur la dépendance physique , la perspective d’une perte potentielle de contrôle de sa propre vie dans un contexte de souffrance, apparaît comme insupportable. Alors, dans notre société post-moderne, apparaît en réaction une revendication de se procurer les moyens de lutter contre la souffrance tout en conservant une maîtrise maximale de sa fin de vie
Par ailleurs, une autre grande crainte face à la perspective de la maladie grave est celle de ne pas se sentir écouté par le corps médical : que nos préoccupations, nos craintes, nos attentes ne soient pas prises en compte, du fait d’une obstination déraisonnable des médecins perçue comme systématique.
a)      Des médecins parfois perdus
Les médecins, portés par une déontologie médicale déjà très riche, ne comprennent pas toujours la justification de nouvelles lois impactant leur métier. À plus forte raison lorsque ces lois insistent sur le respect des droits du malade, en particulier son information et son consentement. Et cela peut aggraver un sentiment de culpabilité déjà présent, en lien avec celui d’impuissance face à la maladie grave et à la mort. Ainsi, l’incitation à travailler dans la collégialité pour prendre une décision de limitation de traitement, permet d’apporter un éclairage plus riche dans une situation complexe, sans remettre en question la compétence.
II)                  La loi Leonetti

Les grands principes de la loi Leonetti peuvent être résumés de la façon suivante :
1. Demeure l’interdit fondamental de donner délibérément la mort.
2. Elle énonce l’interdiction de l’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire l’obstination déraisonnable d’administrer des actes « inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie. »
3. Le respect de la volonté du patient s’il est en état d’exprimer sa volonté doit être respectée pour apprécier le caractère « déraisonnable » de certains actes médicaux. Sinon, c’est le médecin qui prend la décision, après avoir recherché quelle pouvait être la volonté du patient ( consultation de la personne de confiance, de la famille), et avoir respecté une procédure collégiale.
4. La loi fait obligation au médecin de soulager la douleur, de respecter la dignité du patient et d’accompagner ses proches. Quand les traitements curatifs cessent, la loi demande qu’on dispense les soins palliatifs.
III)      Les divergences créées par cette loi
La question de la fin de vie est complexe et fait apparaître de graves divergences de vues sur le sens de la vie elle-même. Certains considèrent que le médecin respecte la dignité du patient en fin de vie lorsqu’il lui administre une injection létale ; d’autres pensent que le respect de la dignité de la personne passe par la mise en œuvre de soins palliatifs. Dans cette diversité d’approches, se jouent les choix éthiques déchirants entre la responsabilité sociale du corps médical et la demande de la personne en fin de vie. Des divergences profondes apparaissent dans la façon de considérer la personne dans sa dignité et ses droits. Divergences d’autant plus insurmontables que la question de la fin de vie touche l’émotion de chacun devant la souffrance, – la sienne ou celle de l’autre -, face à l’épreuve de la dégradation physique et le sentiment de ne pouvoir rien faire. Une émotion qui vient parfois perturber le jugement éthique .Aujourd’hui, les fins de vie sont de plus en plus médicalisées et solitaires et, selon les sondages, l’engagement religieux ne semble pas fondamental pour dessiner la frontière entre les partisans de l’assistance au suicide et ses opposants .
IV)               Conclusion

Les représentations de la fin de vie traduisent de fortes craintes. Comme une peur de la déchéance, ou encore celle de ne pas se sentir écouté par le corps médical. De leur côté, les professionnels de santé sont tiraillés entre des impératifs parfois contradictoires. Derrière des questions complexes, se dévoilent en chacun des mouvements intérieurs où émotions et raison se rencontrent. L’enjeu est de permettre l’expression de ces résonances pour favoriser un travail d’élaboration.

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